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  • Revue Incise 1 : sommaire

    Revue Incise 1, tirée à 1000 exemplaires, est épuisée depuis 2017, sauf quelques exemplaires encore en librairies. Ce numéro fit mouche en effet à sa sortie, par sa liberté de ton, son aisance à entrer et sortir du théâtre et par l’élégance austère de sa maquette. On trouvera sur le site la plus grande partie de ses textes : une mythologie contemporaine sur un lieu branché du Xe arrondissement de Paris, une critique sur un blockbuster théâtral des années 2010, le premier chapitre de l’introduction du brecht and method de Fredric Jameson, un manifeste queer qui incise le monde du jeu vidéo, un essai malin sur l’argent et les budgets au théâtre…

  • Ouvrir une revue

    Pourquoi ne pas interpréter l’abondance des discours sur la crise de la culture, qui émanent souvent des rangs du théâtre, comme une longue plainte, celle de la perte de la centralité historique de celui-ci ?…

  • Couleurs locales, les nouvelles ambiguïtés

    Ce qui nous déplaît franchement est souvent plus aisé à comprendre que ce qui nous attire. Comme si le charme des objets qui nous sourient les revêtait d’une naturalité ou d’une évidence qui les rendaient finalement plus opaques à l’analyse. C’est à cet exercice pourtant qu’ont travaillé Caroline Châtelet et Élise Garraud, respectivement critique dramatique et administratrice-costumière, à l’égard de ce lieu commun dont nous sommes tous, à l’intérieur ou pas, les usagers réguliers : un café. (C’est un café parisien, comme nombre d’autres espaces que traverse la revue. Où Paris n’apparaîtra pas comme un centre ou comme une évidence qui s’impose, mais comme l’endroit où l’on vit et d’où l’on parle.)

  • Street life + Une ville à la mer

    « Il paraît urgent de prêter l’oreille moins à ceux qui croient avoir trouvé l’arcane lui-même [le secret de l’ère nouvelle], qu’à ceux qui expriment de la façon la plus sobre, la plus impassible et la moins importune le tourment et la misère, ne serait-ce que parce qu’une revue n’est pas le lieu où s’expriment les plus grands. » C’est ce qu’écrivait Walter Benjamin en 1922 dans l’annonce de son projet de revue, Angelus Novus. « Grand » ici n’est bien entendu pas un ordre de valeur auquel se fier, c’est l’ordre social. Il y a dans le rapport de Joseph Mitchell à l’écriture et à la vie quelque chose qui relève du petit, d’un point de souveraineté hors royaume, dont l’écriture est le lieu. Il faudrait inventer cette catégorie d’art poétique : le texte qui suit est un art-du-lieu, une sorte de blason de la ville…

  • Paroles gelées ou le soulagement

    Si l’idée d’incise a un sens, c’est celui de la saignée, précise et prophylactique. L’image se veut emblème de la critique, celle que nous réclamons de nos vœux, de gens de théâtre ou de citoyens. Il est dans la tradition des Lumières de penser l’acte critique comme destruction – destruction de l’erreur, religieuse, scientifique, idéologique. Dans le théâtre, si erreur il y a, elle est déterminée par les besoins du travail, une certaine pratique des lois courtisanes imposées par une précarisation de la production de tous, et une complaisance à s’y soumettre. N’ont plus cours alors que les compliments utiles et une certaine paresse journalistique à ne pas vouloir décourager la culture. Le lieu de celui qui veut donner les coudées franches à ses réflexions se doit donc (peut-être) d’être littéralement in-sis. (Revue Incise accueille avec intérêt toute proposition de texte critique.)

  • Essais d’occupation

    Une condition nécessaire, et peut-être suffisante, de ce qui fait un lieu est l’hospitalité. Cet endroit est-il accueillant ? L’est-il au contraire trop peu, trop mal ? Une évaluation est quantitative, c’est une mesure. Jacques Derrida a identifié la tension qui existe entre « la loi inconditionnelle de l’hospitalité illimitée », que l’on suspend ou trahit forcément pour protéger un chez-soi mais aussi pour « tenter de rendre l’accueil effectif, déterminé, concret, pour le mettre en œuvre », et les « lois de l’hospitalité » nécessairement conditionnées et conditionnelles, transformant « le don en contrat, l’ouverture en pacte policé ». Les lieux d’art évidemment se construisent dans ce jeu de l’hospitalité, courant le risque de recouvrir sa part vive par une maîtrise trop ascendante : scénographie contraignante des espaces accueillant le public, stratégies visant à la venue de spectateurs socialement déterminés, accueil sélectif des artistes…

  • Mars à Vincennes, Jessica au Groenland

    Le zoo de Vincennes a traversé le temps. Sa réouverture après travaux au printemps 2014 s’est accompagnée d’une imposante campagne événementielle : street marketing et affiches en noir et blanc, selon une esthétique début XXe, où singes et lions, girafes et zèbres, entre quelques poignées de foin, ont trouvé leur espace naturel sur la place de la République et au Trocadéro. « Je n’irai pas au zoo de Vincennes, écrit Olivia Rosenthal, je ne réitérerai pas l’expérience de ceux qui, en 1931, accouraient à l’Exposition universelle pour découvrir à la fois des bêtes exotiques et des indigènes. » (Le Magazine littéraire, juin 2014). Les représentations d’une époque éloignée, dont jouent les images contemporaines, déplacent également la distance à laquelle on croit s’en tenir, et le mythe du progrès qu’elles suggèrent peut-être…

  • L’art de penser dans la tête des autres + Nützliches

    Fredric Jameson est né en 1934 à Cleveland aux États-Unis, il enseigne actuellement à l’université Duke en Caroline du Nord, comme théoricien de la littérature et de la culture contemporaine. Son œuvre, encore peu connue en France, se situe à un point de panorama intellectuel qui donne à ses textes une puissance d’interprétation rare aujourd’hui. Disons notre enthousiasme à contribuer à ce que cette pensée soit lue.
    brecht and method (Verso, 1998) est encore inédit en français. Florent Lahache est philosophe, il a écrit une thèse sur la poésie de Bertolt Brecht et avait lu Jameson pour son propre compte. Il entame ici la traduction de ce texte, à suivre dans les numéros à venir.

  • S’adresser à tous

    Parallèlement à son travail théâtral et plastique, Diane Scott a pratiqué la critique dramatique pendant les années 2000, en particulier pour Regards, Théâtre on line et frictions. Il s’agissait pour elle de situer les spectacles dans une perspective globale, d’interroger la manière dont leurs adresses, leurs contenus et le discours de leurs formes fabriquent une idéologie culturelle. Le développement de cette activité critique a été contemporain d’une partie des discours sur la crise de la culture, ce qui a ouvert le chantier d’une nouvelle écriture, à vocation théorique. Partant de l’intuition que la plupart de ces discours manquaient leur objet, elle a tenté d’en interroger les impensés : que se joue-t-il dans cette attente de politique à l’égard du théâtre ? Qu’advient-il quand les enjeux de la politique elle-même sont rabattus sur la culture ?…

  • J’ai un problème avec les jeux vidéo

    Le jeu vidéo est l’autre du théâtre. À la première industrie de divertissement du monde en termes de chiffres d’affaires s’oppose ce vieil artisanat en mal de soutiens, publics comme privés. À l’ennemi public numéro 1, responsable de toutes les tueries adolescentes, s’oppose encore l’art civilisateur ou bourgeois par excellence. Même la notion d’art les renvoie chacun à son monde particulier : le jeu vidéo aspire à l’étiquette pour sa réputation, et accessoirement pour se porter candidat à quelques subventions, le théâtre s’en tient aussi loin que possible comme si c’était la dernière malédiction susceptible de lui aliéner le « populaire » auquel il aspire. Pourtant, au-delà de ces clichés, quelque chose les concerne peut-être communément : la structuration de leurs champs respectifs selon une logique centripète et l’interrogation qui va avec de l’existence d’espaces de travail autonomes…